Acide folique et vitamine B12 chez la vache
Projet intitulé:
Acide folique et vitamine B12 pour la productivité des vaches laitières
Jean-Paul Laforest, Christiane L. Girard, Doris Pellerin, François Richard, Marc-André Sirard, Hélène Lapierre, Daniel Lefebvre, Jean DurocherFaits saillants
- La période péripartum est critique pour la vache laitière, qui ne parvient pas à combler ses besoins énergétiques par l’alimentation, avec pour conséquences divers problèmes métaboliques et de reproduction.
- L’étude visait à évaluer si un supplément de vitamine B12 et d’acide folique injecté pendant la période péripartum améliore l’efficacité du métabolisme énergétique, réduisant ainsi les problèmes de production et reproduction liés à un bilan énergétique négatif, tout en améliorant la qualité nutritionnelle du lait.
Objectifs
Les objectifs étaient:
- 1) Évaluer en conditions commerciales l’effet de suppléments d’acide folique et vitamine B12 de 3 semaines avant le vêlage jusqu’à 8 semaines de lactation sur le contenu en vitamine B12 du lait;
- 2) Déterminer la rentabilité économique de ce supplément pour les troupeaux laitiers du Québec;
- 3) Évaluer les effets de suppléments d’acide folique et de vitamine B12, seuls ou combinés, sur l’efficacité du métabolisme du glucose;
- 4) Évaluer l’effet d’un supplément combiné d’acide folique et vitamine B12 sur la reprise de l’activité ovarienne postpartum et;
- 5) sur la qualité des follicules dominants entre 40 et 100 jours postpartum, par une approche principalement génomique.
Résultats et bénéfices potentiels
- Dans le projet réalisé en fermes, le supplément combiné d’acide folique et de vitamine B12 n’a pas eu d’effet sur la production de lait. Il a réduit la perte de poids et d’état de chair en début de lactation, a diminué de 3,8 jours la première saillie chez les multipares et augmenté de 73% la concentration en vitamine B12 dans le lait.
- À partir des données recueillies à l’objectif 1, un budget partiel évaluant deux situations a été réalisé: troupeau gardé constant (scénario 1) et quota gardé constant (scénario 2). L’analyse montre que l’utilisation du supplément combiné peut être rentable dans le contexte québécois, particulièrement si le scénario 2 est privilégié. Toutefois, étant donné la variabilité importante des résultats entre les troupeaux, la rentabilité de ce type de supplément devrait être évaluée au cas par cas.
- En conditions expérimentales, les suppléments de vitamines, seules ou combinées, n’ont eu aucun effet sur la consommation de matière sèche post-vêlage ainsi que sur la production et la composition du lait. Les suppléments d’acide folique, seul ou combiné avec la vitamine B12, ont ralenti la perte d’état de chair, diminué le bêta-hydroxybutyrate (BHB) et les acides gras libres plasmatiques et augmenté le glucose plasmatique.
- Pour la 1ère étude sur le développement folliculaire, il y avait plus de follicules pré-ovulatoires chez les vaches traitées, le follicule dominant était plus grand et les concentrations sériques d’œstradiol étaient plus élevées. Il n’y a pas eu de différence dans le taux de gestation à la 1ère insémination entre les traitements, mais le nombre d’animaux impliqués était faible. Les vaches recevant l’injection de vitamine B12 et d’acide folique ont été inséminées 5,5 jours avant les vaches témoins, mais la différence n’est pas significative.
- Pour la 2e étude, les volumes de liquide folliculaire des animaux traités étaient plus grands que chez les vaches témoins, indiquant que les follicules étaient plus gros. L’analyse par RT-qPCR montre une tendance pour une plus faible expression de gènes impliqués dans le cycle de développement cellulaire tandis que ceux impliqués dans l’ovulation et la stéroïdogenèse sont exprimés plus fortement dans les cellules de granulosa des animaux traités. Selon l’analyse génomique, le pic de LH des animaux ayant reçu les injections de vitamines a été devancé. Ces résultats suggèrent un effet bénéfique du supplément vitaminique sur le développement folliculaire.
- Finalement, puisque les vitamines ont été injectées aux vaches pour prévenir la dégradation dans le rumen, il faudra développer des moyens de supplémenter directement dans la ration pour que cette approche puisse éventuellement s’appliquer facilement aux élevages.
Professionnels formés
Doctorat (1): Mélissa Duplessis, Université Laval
Maîtrise (2): Sayed Ghaemi et Annie Gagnon, Université Laval
Partenaires financiers
Entente de collaboration pour l’innovation en production et transformation laitières (ECI2008-2014):
- Agriculture et Agroalimentaire Canada
- Fonds de recherche du Québec– Nature et technologies
- Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
- Novalait inc.