C’est un fait : l’eau constitue un nutriment essentiel à la santé et à la productivité des bovins laitiers. Pourtant, la qualité de l’eau consommée par les vaches laitières du Québec demeurait peu étudiée. Une équipe de chercheurs, dirigée par Véronique Ouellet, professeure et chercheuse à l’Université Laval, s’est donc penchée sur la question.
La chercheuse a analysé l’eau d’abreuvement de 49 fermes laitières situées dans diverses régions du Québec, à partir d’échantillons prélevés en mars et en août. Les résultats ont confirmé des liens entre la qualité de l’eau, la saison, la région, le système de traitement et la production laitière.
Concentration excessive de minéraux et impact sur les vaches laitières
Véronique Ouellet et son équipe de recherche se sont penchés sur les teneurs d’une dizaine de minéraux. Ils ont noté une concentration excessive de fer, de manganèse et de phosphore, particulièrement en été.
Le fer et le manganèse, souvent présents dans les eaux souterraines ou en raison d’activités minières, donnent un goût métallique à l’eau, réduisant ainsi sa consommation et potentiellement la production de lait.De son côté, le phosphore, qui provient de la décomposition organique ou d’activités industrielles, peut perturber l’absorption d’autres minéraux essentiels comme le calcium et le magnésium. Ce déséquilibre peut affecter la fertilité des vaches.
Malgré la présence d’un système de traitement de l’eau dans 55 % des fermes, 63 % d’entre elles présentaient au moins un problème de qualité de l’eau.
Au-delà du système de traitement de l’eau…
Comme son nom l’indique, un système de traitement de l’eau sert à traiter l’eau afin d’éliminer, en théorie, les microbes et les minéraux. En pratique, ce n’est pas toujours le cas…
Pour régler un problème de concentration élevée de minéraux, il faut d’abord obtenir des résultats fiables. Pour ce faire, la chercheuse souligne l’importance de faire appel à un laboratoire d’analyse chimique accrédité.
Véronique Ouellet précise également qu’un système de traitement représente un investissement considérable pour les producteurs, d’où l’importance de le choisir en fonction du problème à résoudre.
À titre d’exemple, les lampes UV réduisent la contamination microbienne, mais pas la contamination minérale. Ainsi, si l’eau a une trop forte concentration de manganèse, de fer ou de phosphore, un système d’osmose inverse serait tout indiqué.
« L’efficacité des systèmes de traitement dépend du problème à résoudre. Il est nécessaire d’identifier précisément le problème avant d’investir. »
Véronique Ouellet

Un premier pas pour mieux outiller les producteurs laitiers
Cette étude jette les bases d’une meilleure compréhension des enjeux liés à la qualité de l’eau dans les fermes laitières québécoises. Elle contribue au raffinement des lignes directrices provinciales pour la surveillance de l’eau d’abreuvement ainsi qu’à la création d’outils concrets pour soutenir les producteurs et les conseillers agricoles dans leurs activités.
Les résultats de recherche ont également mis en lumière des corrélations entre la qualité de l’eau, les systèmes de traitement de l’eau, les différentes régions du Québec et les performances de production des animaux.
Et ce n’est qu’un début : l’équipe de recherche désire aller plus loin pour approfondir les connaissances des effets de la qualité de l’eau sur la santé des vaches et la production laitière. Rien de mieux que des résultats de recherche pour soulever de nouvelles questions!
Pour en savoir plus
Consultez la fiche du projet intitulé De l’abreuvoir à la production : l’importance de l’eau pour les vaches laitières pour en apprendre davantage sur la qualité de l’eau des fermes laitières québécoises (Véronique Ouellet, Édith Charbonneau, Débora Santschi).
Et l’article paru dans la revue Le Producteur de lait du Québec, publié en juillet 2024.