Les ALC comme agents prébiotique

Projet intitulé:

Potentiel prébiotique des acides linoléiques conjugués

Faits saillants

• Le lait est un aliment complet qui représente une bonne source de calcium et de protéine, mais la matière grasse (MG) qu’il contient a souvent une mauvaise réputation.
• Parmi les composés de la MG du lait les plus étudiés, les acides linoléiques conjugués (ALC) ont suscité beaucoup d’intérêt à cause de leurs effets bénéfiques possibles sur la santé. Toutefois, les mécanismes d’action des ALC ne sont pas encore établis et des preuves scientifiques demeurent nécessaires pour l’acceptation des allégations revendiquées.
• Dans le cadre de ce projet de recherche nous avons étudié à l’aide de modèles in vitro novateurs le métabolisme des ALC d’origine laitière. Nous avons également évalué l’impact de ces composés sur l’équilibre de l’écosystème digestif.

Objectifs

• 1) Étude du métabolisme des AG du lait et des ALC au niveau gastro-intestinal;
• 2) Évaluation de l’impact des AG laitiers et des ALC sur la physiologie de souches probiotiques;
• 3) Étude de l’impact des ALC et des AG du lait sur l’équilibre de la microflore intestinale.

Résultats et bénéfices potentiels

• Objectif 1 : Métabolisme des AG du lait et des ALC au niveau gastro-intestinal
  • Les résultats ont révélé que la digestibilité de l’ensemble des acides gras du lait était de 79,6 % (± 2,6). Les ALC semblent être hautement digestibles comparativement aux autres acides gras à longue chaîne du lait enrichi en ALC. Les ALC c9, t11 provenant d’un lait naturellement enrichi(NAT) étaient absorbés par le modèle in vitro plus efficacement que lorsqu’ils étaient incorporés sous forme de triacylglycérols synthétiques(TAG). À la lumière des résultats obtenus, il est permis de croire que les ALC c9, t11 sont des acides gras très digestibles et que, par conséquent,la disponibilité des ALC c9, t11 ingérés ne devrait pas être considérée comme une limite dans d’éventuels travaux de recherche en nutrition.
  • Le degré d’hydrolyse n’est pas le seul élément qui distingue les laits grand mélange et ALC. En général le profil des AG est semblable, sauf pour deux AG. En effet, le pourcentage de C16:0 est de 38% dans le lait grand mélange, mais est de 25% seulement dans le lait ALC. Par contre le lait grand mélange est plus pauvre en C18:1 avec seulement 24% alors que cet AG constitue 44% des acides gras libres du lait ALC. Le modèle de digestion in vitro TIM-1 nous a permis de générer des résultats uniques concernant la digestibilité des acides gras en fonction de leur longueur de chaîne, leur degré de saturation, leur degré d’estérification et leur position au sein d’un triacylglycérol.
• Objectif 2 : Impact des AG laitiers et des ALC sur la physiologie et la croissance de souches probiotiques
  • Un nouveau milieu minimal a été mis au point lors de cette étude. Ce milieu combiné à la technique de spectrophotométrie automatisée nous a permis de suivre la croissance de la majorité des souches probiotiques ciblées par cette étude. Des essais de croissance sur les différentes souches probiotiques ont montré que les AG à courte chaîne inhibaient la croissance des lactobacilles.L’inhibition augmentant avec la concentration d’AG et la longueur de la chaîne carbonée. Dans certains cas, toutefois on observe une stimulation à faible concentration.
  • Les grandes conclusions qui se dégagent de cet objectif sont :
    • Les ingrédients « non actifs » des sucs intestinaux (bile, estomac, pancréas) n’affectent pas la croissance des probiotiques;
    • Il y a un effet marqué de la souche sur la viabilité et la croissance dans les digestats;
    • La digestion de la phase non-grasse a montré un effet sur la viabilité et la croissance;
    • La présence d’AG dans le digestat pourrait affecter la survie de certains probiotiques dans la partie supérieure du système gastro-intestinal;
    • La survie des souches probiotiques dépend du type de gras, les ALC étant plus stimulateurs.
• Objectif 3 : Impact des ALC et des AG du lait sur l’équilibre de la microflore intestinale
  • Dans un premier temps, nous avons évalué la croissance des souches probiotiques dans les différents effluents du TIM1 obtenus dans le cadre de l’objectif 1. Ces effluents permettent de simuler le contenu colique. Nos résultats ont montré que le profil général de fermentation est le même pour toutes les souches testées dans les différents milieux. Si on compare les deux laits enrichis naturellement en ALC à 3,25% de MG et à 1% de MG, on constate que la croissance des souches dépend du pourcentage de MG dans le lait. En effet, les souches sont beaucoup plus sensibles dans le milieu CLA NAT à 3,25% de MG que dans le milieu CLA NAT à 1%de MG. Trois souches sur quatre ont présenté une grande sensibilité dans le lait enrichi naturellement en CLA à 3,25% de MG. À partir de nos résultats on peut déduire que la survie des souches dépend du pourcentage de gras laitier et essentiellement de la souche testée.
  • Dans un deuxième temps, nous avons étudié les effets des ALC et des AG libres sur le métabolisme et la croissance bactérienne dans les conditions physiologiques du tube digestif de même que sur le rétablissement et le maintien de l’équilibre de l’écosystème intestinal. Un système de fermentation colique a été mis au point. Les résultats obtenus montrent clairement que le système de fermentation mis au point permet de reproduire très fidèlement la microflore représentative du microbiote colique chez l’humain. Une forte corrélation a été observée entre les méthodes testées, soit les milieux sélectifs ou la méthode FISH (fluorescence in situ hybridization).

Partenaires financiers

Entente de collaboration pour l’innovation en production et transformation laitières (ECI2005-2011) :

• Agriculture et Agroalimentaire Canada
• Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies
• Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
• Novalait inc.